A la découverte des tourbières, patrimoine naturel et historique du Cantal
Dans le cadre de l’élaboration de son Atlas de la Biodiversité Territoriale, le SYTEC propose tous les mois des animations aux habitants du territoire. Le dernier rendez-vous s’est tenu le mercredi 28 octobre, à la salle polyvalente de Ségur-les-Villas, sous la forme d’une conférence sur les tourbières, qui a réuni 19 participants.

Elle fut animée par Pierre GOUBET, spécialiste des milieux tourbeux. Cet ingénieur géologue, devenu écologue, étudie ces milieux dans toute la France, « Pour mieux les comprendre pour les faire connaître et ainsi mieux les protéger » précise-t-il.
Après avoir présenté son parcours et son métier, Pierre GOUBET a expliqué l’intérêt environnemental et historique des tourbières d’une façon générale. Puis, il a apporté des précisions sur les tourbières du Jolan et de la Gazelle, lieux incontournables pour les habitants de Ségur-les-Villas.
Cette animation était menée en partenariat avec le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, représenté par Luc BELENGUIER, conservateur de la Reserve Naturelle Régionale des tourbières du Jolan et de la Gazelle. Luc BELENGUIER a introduit cette conférence en précisant que dans le cadre de la gestion de la réserve, le Parc Naturel travaillait dans une logique de transmission des savoirs sur les patrimoines locaux, qu’ils soient anciens ou récents, en particulier sur les tourbières.
Un écosystème naturel complexe et remarquable
Une tourbière est une zone humide, dont les conditions écologiques particulières ont permis la formation d’un sol constitué d’un dépôt de tourbe. La tourbe provient de l’accumulation de la végétation, dont la décomposition est réduite du fait d’un manque d’oxygène dans l’eau. Ces milieux très particuliers accueillent une faune et une flore spécifiques.
On retrouve des milieux tourbeux partout dans le monde, qui présentent des caractéristiques bien spécifiques, liées aux conditions climatiques. La France, et notamment le Massif Central, présente une surface non négligeable de tourbières, mais rien comparé à des pays comme la Finlande, dont près de 50% de la surface du pays est recouvert de milieux tourbeux.

Les plantes caractéristiques de la tourbière sont les sphaignes (Spagnum sp.). Il s’agit d’une mousse très particulière qui peut retenir 40 fois son volume d’eau et surtout qui peut pousser à l’infini, grâce à une anatomie très simplifiée. Elle colonise le milieu et l’acidifie. Une trentaine d’espèces sont présentes en France, sur la réserve des tourbières du Jolan et de la Gazelle, 16 espèces de sphaignes sont aujourd’hui recensées. Il en existe des grands types dont « les rouges » et « les vertes ».
« La sphaigne pousse de manière infinie, ne mange rien et ne profite que de l’eau de pluie ! C’est le genre botanique qui séquestre le plus de carbone » explique Pierre GOUBET.
D’autres espèces fondamentales participent également à la mise en place de la tourbière, en facilitant la colonisation de la végétation sur de l’eau stagnante : les prêles (Equisetum sp), le comaret (Comarum palustre) ou encore le trèfle d’eau (Menyanthes trifoliata). Et beaucoup d’autres encore sont inféodées aux conditions bien atypiques qu’offrent les milieux tourbeux : Andromède, Canneberge, etc
« Les tourbières, les raconteuses d’histoires… »

La tourbe s’accumule lentement et pendant tout ce temps, enregistre des archives exceptionnelles : « Lorsqu’on étudie les végétaux, graines, spores, débris, écorces, que l’on retrouve dans la tourbe, on peut retracer l’histoire des différentes végétations qui se sont succédé, à cet endroit, sur plusieurs milliers d’années ». Il n’est pas rare aussi, dans les tourbières d’Auvergne, de retrouver à quelques mètres de profondeur une ligne d’horizon composée de cendres volcaniques, datant, entre autres, de la dernière éruption du Puy de Chopine présent dans la Chaine des Puys.
Des cadavres, comme « momifiés » ont été retrouvés dans des tourbières dans le monde entier. L’un des exemples le plus marquant est l’Homme de Tollund, dont les habits et les cheveux, mais surtout la corde qui a engendré sa mort probable, ont été conservés, en parfait état dans la tourbe.
On retrouve aussi des « mottes de beurre », parfaitement conservées dans certaines tourbières, démontrant un usage ancien de ces milieux.
L’un des usages les plus connus est bien évidemment, l’extraction de tourbe pour le chauffage, usage encore pratiqué dans les années 60 dans le Massif Central. La tourbe, extraite en fosse, était découpée en briques, puis retournée régulièrement pour les sécher.
Le SYTEC et le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne remercient le maire de Ségur-les-Villas, Monsieur Gilles AMAT, pour son accueil.



